Résumé :
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C'est d'un autre moulin dont René Char nous entretenait, en 1945 : « Le moulin du Calavon. Deux années durant, une ferme de cigales, un château de martinets. Ici tout parlait torrent, tantôt par le rire, tantôt par les poings de la jeunesse. Aujourd'hui, le vieux réfractaire faiblit au milieu de ses pierres, la plupart mortes de gel, de solitude et de ferveur. A leur tour les présages se sont assoupis dans le silence des fleurs. » C'est le sort qu'aurait connu, assurément, le moulin de Raoul, à Saint-Joseph-des-bancs sans la farouche énergie de volontaires associatifs, qui ont d'emblée décrété qu'il n'y avait pas pour eux de traces périssables. Ils ont veillé au grain. Ils ont refusé un monde qui s'efface, sans tomber dans un angélisme convenu. Avec une énergie à revendre, la nuque souvent en sueur, ils n'ont eu de cesse de lutter contre les vents dominants. Un peu à la manière de Raoul et de son garde-moulin- ces Don Quichotte et Sancho Pança se sont lancés dans un pari inconcevable, celui d'attiser la curiosité des hommes et de saluer l'inventivité et le labeur des humbles dont la transpiration peuplait le moulin. Ils offrent à présent des repères éblouissants.
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